Rêveries continentales à la Chancellerie

Le dos courbé au-dessus d'un vaste bureau, les deux mains posées à plat sur ses rebords, le prince-chancelier examinait avec soin une vaste carte de l'Archipel. Exilée d'Avaricum il y a plusieurs années par son cousin le roi Charles Ier, la branche de Fleury-Heimrichzhaffen rayonnait dans toutes les nations et brillait par son cosmopolitisme. Arrivé tel un aventurier ambitieux au Locquetas, le prince Louis-Ézéchias avait hâte d'y faire une brillante carrière. Elle avait connu un beau départ avec une nomination aux finances du royaume. Toutefois, ne reniant pas les traits particuliers de sa famille, le jeune prince s'intéressait de près aux autres États qui regardaient avec gourmandise les frontières locquetiennes.

"Que le Lord protecteur me donne aussi les affaires extérieures ! Je saurai bien faire respecter le Locquetas aux chiens qui lorgnent vers nous."

Louis-Ézéchias avait de grandes ambitions pour son pays. La première serait d'en remontrer à l'étouffant voisin qui avait exercé tant d'années une tutelle humiliante : le Grande-Duché de Zollernberg. Le chancelier pensait déjà aux moyens de tenir les Zozos hors des frontières. Une ligue réunissant les ennemis traditionnels du Zollernberg — Ys et le Krassland — pourrait avoir raison de la grande puissance nordique. Dans le même temps, il faudrait éliminer le clergé zorthodoxe venu dans les bagages des Venceslas et faire revenir la population aux cultes ancestraux.