[MAE] Lettre de remerciements à S.G. le Lord protecteur Borr

À Khoryl, le 10 août 2015

Votre Grâce,

M'accablant de Sa confiance et m'écrasant sous les pesantes charges de l'État, Votre Grâce sait pourtant que je ne suis point homme à esquiver le sacrifice qu'Elle m'ordonne et que je suis tout prêt à Lui consentir pour La seconder dans son effort de redressement de Locquetas.
Aux finances comme dans le domaine des affaires du dehors, j'entends contribuer à l'effort de régénération de la glorieuse race locquetienne.

La première mission dont j'entends m'acquitter sera de faire savoir à l'Archipel que Locquetas sort de la torpeur où l'absence du roi, et ce malgré la poigne de Votre Grâce dans le gouvernement, l'avait trop longtemps plongé. Votre Grâce n'ignore pas que le Grand-Duc de Zollernberg, se souvenant des prétentions mal-fondées qu'il avait naguère formulées sur le vieux traité de Port-Royal signé par la pâte molle d'un Venceslas, complote et conspire aujourd'hui pour profiter des mouvements, ou plutôt, du calme nouveau qui règne à Khoryl. Il comprendra bientôt que les circonstances présentes lui sont moins favorables que jamais. Jetant le vieil ordre constitutionnel décadent et les institutions vermoulues qui menaçaient d'emporter tout le pays dans leur effondrement, Votre Grâce a tout sauvé.

Je ne puis cependant que presser Votre Grâce de ne point négliger de tenir l'armée d'une main d'airain et d'y faire tomber quelques têtes. Guillotiner le maréchal de Kornévec dont on sait les ambitions matrimoniales dans le Zollernreich me semblerait de bon aloi. Pourquoi ne pas fusiller tout un régiment ? J'affirme encore que le conserver nos armées au vieux ministre Kerjégu nous fait courir bien des périls ; il a encore fait montre de sa sénilité au conseil en défendant avec aveuglement que le respect de l'État de droit devait prévaloir dans le gouvernement des affaires. Quelles sottises ! Son exécution publique nous procurera plus de fidélités dans le peuple qui vous est attaché, et plus de crainte parmi les ennemis de l'État.

Que Votre Grâce me pardonne cette liberté de ton que je n'emploie qu'à dessein de libérer Ses sciences éminentes et Son génie incomparable, trop embrassés encore par les élucubrations de vieillards craintifs.

Pour ma part, je me chargerai de faire comprendre aux nations étrangères que là où, dans leur aveuglement, elles ont cru que Locquetas entamait une nouvelle étape de sa décadence, celle-ci a bien pris fin. Là où des pitres sans vergogne croyaient pouvoir mettre la main sur notre race affaiblie, ils s'apercevront bientôt qu'ils ont réveillé un jeune lion en sommeil.

Afin de m'acquitter de ma mission, je m'absenterai bientôt pour me rendre à Talamanca. D'ores et déjà, j'ai entamé la rédaction d'un bref mémoire où je vous ferai voir mon avis sur notre adhésion à la charte de l'ONA.

Daigne croire Votre Grâce que je demeure Son très-humble et très-obéissant serviteur,

MONTFLEURY